Le statut d’autoentrepreneur pour les freelances, la fausse bonne idée ?
Tu veux devenir freelance et tu ne sais pas si le statut d’autoentrepreneur (ou micro entreprise) est fait pour toi ? Ça tombe bien, je t’explique comment il fonctionne et quels sont ses limites.
Cet article est le second d’une série de 3 portant sur les statuts freelances.
Le statut d’autoentrepreneur pour les freelances, la fausse bonne idée ?
Artiste Auteur, le statut taillé sur mesure pour les graphistes, photographes et illustrateurs freelance.
Comparatif entre le statut d’Artiste Auteur et Auto-entrepreneur.
J’ai conscience que choisir un statut quand on débute son activité de freelance peut être une vraie galère.
Donc avant de vous présenter le statut d’autoentrepreneur, on va commencer par les bases.
Grosso modo, il y a 3 questions que vous allez devoir vous poser :
- Qu’est-ce que je vais payer comme taxe ?
- Est-ce que j’ai le droit à des avantages sociaux, comme la sécu ou la retraite ?
- Combien de sous je vais pouvoir encaisser sur mon compte.
Histoire du régime d’autoentrepreneur
Pour comprendre comment fonctionne le régime d’autoentrepreneur, il faut se plonger dans son histoire.
Avant sa création, si vous vouliez faire du biz, il vous fallait un numéro de Siret, et donc être une entreprise.
Un étudiant, un employé ou un chômeur ne pouvait pas proposer leur prestation sans se faire payer au black. Et ça, l’état, ça lui plait pas. Non non non. L’état, il aime bien récupérer des sous sur toutes les transactions avec des taxes.
C’est pourquoi le statut d’autoentrepreneur a été créé.
À la base, il devait permettre à n’importe qui ayant déjà une situation de pouvoir exercer un métier à coté de son travail principal.
Par exemple, un étudiant en école de graphisme allait pouvoir facturer des prestations de graphisme. Ou bien madame michou allait enfin pouvoir vendre les tricots qu’elle faisait le dimanche.
Tout cela devenait légal, parce que c’était maintenant déclaré et donc taxé.
Comprenez bien que le statut d’autoentrepreneur a été pensé comme un à coté. Ce point est très important et on y reviendra plus tard.
Quelles sont les taxes à payer quand on est autoentrepreneur ?
Avant de commencer, il faut que vous compreniez qu’il existe deux types de taxes.
En gros, quand vous encaissez une somme, vous allez devoir payer 2 choses : une taxe sur les entreprises et les impôts sur le revenus.
C’est important que vous ayez en tête que toute somme que vous allez encaisser sera ponctionnée deux fois par l’état. Une première fois en tant que société et une seconde fois en tant que simple citoyen.
Calcul des taxes de l’autoentrepreneur
Premier point : on ne paye que si on facture. Si vous ne facturez rien, vous ne payez rien.
Si vous facturez, vous aurez à payer 23% de ce que vous gagnez à l’état.
Par exemple; si vous faites une facture de 10 000 €, 2 300 € partiront en taxe et 7 700 € iront dans votre poche.
Le seule autre taxe qui vous incombera sera la taxe professionnelle, mais uniquement à partir de la 4ème année. Pour les 3 premières, vous avez droit à une exonération.
Pour info, la taxe professionnelle est comprise entre 20 et 2 000 € par an, et elle varie selon votre commune.
Ce statut est donc très facile à appréhender.
Vous ne facturer rien ? Vous ne payez rien.
Vous facturez ? On vous prend 23%.
C’est pas plus compliqué.
Mais alors, elle est ou l’entourloupe ?
Les avantages sociaux disponible quand vous êtes autoentrepreneur
Comme je vous l’ai déjà dit, ce statut a été pensé comme un à coté.
En tant qu’Autoentrepreneur, vous avez droit :
- au remboursement de vos soin,
- au congé maternité,
- aux indemnité en cas d’arrêt de votre activité,
- à la retraite.
Calcul des indemnités journalières
Les indemnités journalières en cas de congé maternité ou d’arrêt de travail sont inférieur à ce que peut toucher un salarié. On a droit à 56,35 € par jour si vous touchez plus de 4 093,20 € par an. Sinon ce sera 5,63 € par jour.
Quand on sait que le revenu médian d’un autoentrepreneur est de 330 € par mois en 2019, ça va faire pas mal de personne dans la merde quand Kevin arrivera au monde.
Le droit au chômage pour les autoentrepreneurs
En ce qui concerne le chômage, c’est pas beaucoup mieux.
Vous pouvez y avoir droit si et seulement si vous avez fait 10 000 € par an sur les deux dernières années et que vos ressources actuelles sont inférieures au montant du RSA (550 € à peu près).
Dans ce cas là, vous aurez droit à 26,30 € par jour pendant 6 mois.
Oui oui, même si vous facturez 50 000 € par an, vous toucherez l’équivalent d’un RSA sur 6 mois. La grosse blague.
Un autoentrepreneur a-t-il droit à la retraite ?
La réponse est oui !
Si vous avez tous vos trimestres, le montant de votre retraite de base correspond à la moitié de votre revenu moyen (qui est basé sur vos 25 meilleures années).
Si vous n’avez pas tous vos trimestres, ça se complique et je ne vais pas détailler ici tous les cas spécifiques.
Ce qu’il faut retenir, c’est que vous avez bien une retraite et que c’est à peu près la même chose que celle des salariés.
Vous l’aurez compris, le régime autoentrepreneur n’est pas celui qui vous offrira la meilleur couverture sociale, loin de là.
En même temps, je vous rappelle que c’est un statut qui a été pensé comme un à coté et non pas comme une fin en soi. Il est donc bien pour un jeune célibataire en bonne santé, mais carrément pas adapté à un parent ou une personne de plus de 40 ans.
Calcul des impôts sur le revenu
On a parlé des taxes professionnelles, mais après ça vous aurez l’impôt sur le revenu à payer.
Avant de parler des impôts, il faut que vous compreniez la différence entre le chiffre d’affaire et les bénéfices.
Le chiffre d’affaire, c’est la totalité des sommes que vous avez encaissé sur une année.
Le bénéfice, c’est le chiffre d’affaire moins vos charges.
Les charges, qu’est-ce que c’est ? C’est l’ensemble des sous que vous dépensez pour faire fonctionner votre activité. C’est votre ordinateur sur lequel vous bossez, l’électricité qui fait fonctionner votre ordinateur, le loyer de l’espace de coworking dans lequel vous bossez …
Les taxes professionnelles qu’on a vu plus haut se basent sur le chiffre d’affaire, mais les impôts sur le revenus se basent elles sur le bénéfice. C’est pourquoi il est important de pouvoir le calculer.
Dans notre cas d’autoentrepreneur, c’est assez simple. Vous entrez sur la plateforme des impôts combien vous avez facturé (attention, vous mettre tout ce que vous avez encaisser, pas la somme déduite des taxes).
On va donc entrer 10 000 € qu’on a pris en exemple précédemment.
L’état va automatiquement retirer 34% de ces 10 000 € et ne vous imposer que sur 6 600 €.
Ça veut dire que l’état estime que vous n’avez retiré que 6 600 € de bénéfice de votre activité. Le reste est considéré comme des charges, donc de l’argent dépensé pour faire fonctionner votre activité.
C’est l’état qui dit arbitrairement que vos charges sont de 34 %. Point. Vous n’avez pas à détailler toutes vos dépenses.
Ici, votre impôt sera calculé sur la base de 6 600 €.
Ben voilà, c’est pas plus compliqué que ça.
Les plafonds à ne pas dépasser
Si vous vouliez devenir millionnaire avec ce statut, ben je suis désolé de briser vos rêves, mais ça va être compliqué.
Vous avez deux plafonds que vous ne pourrez pas dépasser avec le statut autoentrepreneur :
- le premier est fixé à 34 400 € par an,
- et le second à 72 600 €.
Alors, à quoi est-ce qu’ils correspondent ?
Comme je vous l’ai expliqué, ce régime est ultra simple. Vous facturez et vous payez un pourcentage de ce que vous facturez. Basta. Vous vous posez pas plus de questions que ça.
Mais ça, c’est valable que si vous restez sous les 34 400 €. Si vous les dépassez, ça va se compliquer.
Gestion de la TVA à partir de 34 400 €
À partir du moment ou vous franchissez ce plafond, vous allez devoir gérer la TVA. Vous allez devoir la facturer à vos clients, puis la rembourser à l’état.
C’est à dire que sur une facture de 1 000 €, vous allez rajouter 20% soit 200 € de TVA pour encaisser 1 200 €.
Mais ensuite, vous allez devoir rendre ces 200 € à l’état. Ils ne vous appartiennent donc pas.
Mais à quoi ça sert alors la TVA ?
Et bien, là où ça devient intéressant, c’est que vous allez vous faire rembourser la TVA sur vos achats professionnels.
Par exemple, si vous achetez une tablette graphique 360 €, l’état devra vous rembourser les 60 € de TVA que vous avez payé.
Au final, si vous avez facturé 1 200 € TTC et payé 360 € TTC, vous vous retrouvez à ne rendre que 140 € de TVA contre les 200 € initiaux.
Qu’on soit bien clair, ce système est intéressant si et seulement si vous flambez beaucoup en matos. Ordinateur, appareil photo, objectifs, montagne de PQ … Toute cette TVA vous sera remboursée.
En gros, si vous dépassez 34 400 € de chiffre d’affaire à l’année, vous entrez dans la cours des moyennes sections et vous devez prendre un comptable, gérer la TVA et calculer votre bénéfice vous-même.
Et si vous dépassez 72 600 €, vous ne pouvez plus rester autoentrepreneur. Et il va falloir changer de statut.
Conclusion
Voilà ! vous savez presque tout sur le statut d’auto entrepreneur.
Vous l’aurez compris, c’est un statut simple à appréhender mais c’est aussi un statut précaire.
À mon sens, c’est une bonne option pour débuter son activé ou pratiquer une activée annexe à un autre métier ; mais en aucun cas vous ne devrez passer toute votre carrière avec ce statut.
Et pour ne pas vous laisser en carafe, je vous retrouve la semaine prochaine avec un nouvel article dans lequel je vais vous expliquer un autre statut plus sérieux : celui de l’artiste auteur.
See ya’ space artist!
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