Le métier du graphiste ou la métaphore du maçon

Posté par PUShAUNE le 25 septembre 2012

12 commentaires :)

Ce vendredi se tenait à Caen la seconde édition des Rencontres Interactives de Caen. J’ai eu la chance de faire le déplacement pour écouter Pierre-Emmanuel FRINGANT, Laurent DEMONTIERS et Willy LELOUTRE.

Outre la qualité des intervenants (j’y reviendrai peut être avec un autre article, l’optimisation des sites mobiles par @wleloutre est vraiment intéressante) une phrase de @L_Demontiers m’a fait cogiter tout le week-end :

je ne fais toujours qu’une proposition au client. Pas deux, pas trois, une.

En effet, Laurent part du principe que nous sommes des professionnels et que si le brief est suffisamment cadré, notre réponse si l’on fait abstraction du sempiternel j’aime / je n’aime pas est la bonne.

La métaphore de la maison et du maçon.

Sans aller dans cet extrême, il y a une métaphore que j’utilise régulièrement face au client quand je me retrouve dans ces situations : celle du maçon et de la maison.

JE N’AIME PAS, IL FAUT CHANGER ÇA

Quand votre maçon vous dit qu’il va utiliser tel matériau ou telle technique pour faire son mur, est-ce que vous le remettez en cause ? Non par ce que c’est un professionnel.
Nous c’est pareil, on n’a pas utilisé telle couleur ou telle forme par hasard. Alors il faut nous écouter.

J’AIMERAIS REVENIR SUR CETTE ÉTAPE QUI A ÉTÉ VALIDÉE

Lorsque le carrelage est posé et les joins finis, est ce que vous allez voir votre carreleur pour lui dire « finalement je veux des rosettes à la place ? » non bien évidemment, cela impliquerait de tout casser et tout recommencer.
Et ben c’est pareil pour nous. Une intégration se base sur un design qui se base sur un zoning qui se base sur une arborescence. Modifier une étape n-X remet en cause toutes les étapes n-X+1.

VOUS POUVEZ ME FAIRE ÇA VITE FAIT ? RIEN DE FANTASTIQUE, UN TRUC RAPIDE

La encore, est-ce que vous allez voir votre maçon pour lui demander de monter un mur sans ciment à la va vite ? Si vous ne voulez pas qu’il s’écroule à la première pluie, non.
Et ben en design c’est pareil ! On ne peut pas produire rapidement sans s’imprégner du client, de la problématique, … La créa demande du temps et c’est normal.

Cette métaphore est réutilisable dans pratiquement tous les cas de figure, alors n’hésitez pas à en abuser !

Graphiste, c’est avant tout un métier

Si je suis obligé d’user de cette métaphore, c’est parce que le client à oublié une chose : graphiste, c’est un métier.
Un bon graphiste est la pour traduire la solution à un besoin en un visuel percutant pour la cible.
Pour cela il faut :

  • auditer le client,
  • comprendre la problématique et la cible,
  • trouver une solution,
  • retranscrire cette solution en un visuel accessible.

On est loin du logo fait à la va vite !
Alors n’oubliez pas de rappeler à votre client que vous êtes plus qu’un simple exécutant !

Une proposition pour les gouverner tous.

Je vais maintenant revenir à la proposition unique de Laurent. Durant son intervention une question a été posée : comment réduire les retours clients ?
Une personne nous a expliqué que, suite à la présentation de ses X propositions, elle n’accepte que deux retours contractualisés par un devis, ensuite tout est facturé.
Avantages : Moins de temps perdu, et le client ne risque pas d’abuser de notre bonté.
Inconvénient : On ne peut pas pousser à fond un concept à moins d’être super balèze ou si le client à un budget indécent.

Mais alors, pourquoi perdre du temps à faire plusieurs propositions ? Pourquoi ne pas en présenter qu’une seule et accepter plus de retours clients pour la perfectionner au maximum ?
D’autant plus que nous avons tous connu le syndrome de la bouse de dernière minute qui est validée par le client …
Autant respecter scrupuleusement le brief (s’il est bien cadré) et se donner à fond dans un concept. Le temps passé sera le même, mais résultat bien meilleur.

Oui mais …

… le client veut en voir plus, je n’ai pas les couilles de le faire, il faut assurer un max, …
Yep, c’est pas facile à adopter (moi le premier j’ai une sainte horreur d’arriver avec moins de trois propositions) mais la réflexion me semble intéressante.
Je pense tester ça sur un projet et revenir vers vous avec un retour sur expérience.

Dans tous les cas, merci à Pierre-Emmanuel FRINGANT, Laurent DEMONTIERS et Willy LELOUTRE pour leur intervention vendredi dernier et vivement la prochaine !

EDIT : Un article de @L_Demontiers sur son blog qui explique son point de vue.

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Le métier du graphiste ou la métaphore du maçon
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Ce vendredi se tenait à Caen la seconde édition des Rencontres Interactives de Caen. J'ai eu la chance de faire le déplacement pour écouter Pierre-Emmanuel FRINGANT, Laurent DEMONTIERS et Willy LELOUTRE.
Nicolas AUNE
Nicolas AUNE
PUShAUNE

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12 commentaires

  1. Le , Lionel a dit :

    Bonjour, jolie métaphore !
    Pour ma part, je ne fais généralement qu’une proposition aux clients : comment peut-on argumenter qu’une création est-celle-qui-correspond-à-votre-image si on en fait plusieurs, dont certaines sont à l’antithèse de ce que l’on argumente…

    Je n’ai quasiment jamais de retour et on optimise et finalise ensemble avec le client. Au pire, on a un « Ah non, c’est pas du tout comme ça que je le voyais » : au moins le gars sait ce qu’il ne veut pas et on a une base pour échanger et argumenter pour défendre ou de comprendre pourquoi on a tapé à côté.

    Surtout que généralement, quand on vient avec plusieurs proposition, on se retrouve avec des demandes du type  » j’aime biens celui-là, mais il y a dans celui-ci quelque chose aussi… et si on mélange les deux, et qu’on y ajoute ça du troisème,… » Et on finit avec des créas pas du tout équilibrées, sans personnalité quand on ne se retrouve pas à abdiquer et à faire ce que le client veut, ben, parce que l’aiguille-tourne-et-on-va-pas-y-passer-l’année-on-lui-a-déjà-dit-que-ça-n’allait-pas-mais-il-persiste »…

    Allez, bonne continuation à toutes et tous.

    • Le , PUShAUNE a dit :

      Je me retrouve aussi de plus en plus à ne faire qu’une proposition.
      En générale elle est bien acceptée.

  2. Ping : Quel hébergeur choisir pour son site internet ? | PUShAUNE

  3. Le , Stéphanie Mahelin a dit :

    En ce qui concerne les clients indécis, je passe beaucoup de temps avec eux avant de faire la créa. Je leur explique qu’il y a un travail nécéssaire à faire en amont, et que cette reflexion va aboutir le cahier des charges sur lequel je m’appuie pour faire la créa, bien sur, je les accompagne et les guides dans cette démarche. Il y a évidement les clients « compliqués » avec lesquels il y a aura toujours des difficultés… . En tout cas, pour moi, cette méthode a souvent porté ses fruits. Je rejoins la démarche de Laurent dans le sens où je propose aussi une seule créa. Pour la métaphore du maçon, je la comprends mais je reste un peu sceptique… Notre métier est souvent mis à l’épreuve de la subjectivité du client, il est plus « facile » de dire « je n’aime pas le bleu » plutôt que de porter un jugement sur les outils du maçon… Avez-vous déjà eu ce genre de retour face à un client ?

    • Le , PUShAUNE a dit :

      En effet, le travail de réflexion en amont est important.
      Là encore, il y a les clients qui le comprennent de ceux qui veulent un travail « vite fait » (ce qui est, je pense, un signe annonciateur d’un projet qui va déraper).

      Sinon je suis souvent confronté à la vision subjective du client. Bien souvent une couleur doit être écartée par goût personel.

      • Le , Stéphanie Mahelin a dit :

        Même chose pour moi…
        Peut-être seras-tu au prochaine Rencontres Interactives, le 8 mars ?

        • Le , PUShAUNE a dit :

          Pourquoi pas, je vais essayer de m’organiser.

    • Le , Lionel a dit :

      « Je n’aime pas le bleu », « ce n’est pas un peu trop rond ? », « et pourquoi pas faire plus allongé, j’aime pas quand c’est carré… »,… on en a vu quelques unes…

      j’ai souvent quelques réponses :
      – « vous n’êtes ni la cible, ni l’étalon de ce qui doit se faire » (à reformuler bien-sûr, selon la sensibilité votre client), ce logo ( cette création) doit plaire à vos prospects et ce sera le cas faites-moi confiance, si vous m’avez choisi, c’est parce que vous avez considéré que j’étais compétent, n’est-ce pas ?

      ou encore :
      – « Il y a des conventions graphiques, ergonomiques et chromiques, qui existent depuis que le monde est monde. Maintenant si vous voulez les braver et risquer de perdre des parts de marché parce que votre produit n’est pas instinctivement lisible… Libre à vous »
      ou encore si le client s’obstine (et que bien sûr tout tend à montrer qu’il a tord bien-sûr) :
      – « Ecoutez, je suis graphiste depuis quelques années maintenant, j’ai mis ma signature sur quelques belles réalisations. Ce que vous me demandez ne correspond pas à ce qui doit se faire pour promouvoir au mieux votre image ( votre produit, votre service,…). Vous comprendrez que je ne peux mettre mon nom sur cette création. Je ne signerai pas ces réalisations.
      ça, ça les fait bien réfléchir… ;)

  4. Le , Outil carreleur a dit :

    Peut être vous le trouverez incroyable, mais même dans le cas des maçons, les clients changent d’avis quand les travaux sont presque finis. Les raisons vont du simple « je n’aime pas cela », « chez nos amis cette combinaison reflète mieux la personnalité de la maison » jusqu’à « on a trouvé telle ou telle pièce ou meuble qu’on veut introduire et qui ne marchera pas avec ces couleurs ».

    • Le , PUShAUNE a dit :

      C’est fou, en général mes client comprennent l’aspect « définitif » lié à la construction d’une maison mais apparemment on partage la même problématique.

  5. Le , Manu a dit :

    Très intéressant ! C’est effectivement une bonne métaphore.
    Pour autant, la comparaison s’approche pour moi plus à la réalisation, qu’à la phase de propositions.

    Prenons un exemple dans le même genre: tu appelles un décorateur. Tu lui demandes ce qui pourrait convenir comme papier peint dans ton salon, à un prix X, bien sûr. Il ne va pas t’enfermer dans un choix. A ce stade Il va te proposer différentes matières, avec des nuances de couleurs. LE décorateur sait qu’il n’existe pas qu’un choix, mais il a l’expérience du métier pour te proposer des choix cohérents et juste. Je le vois personnellement plus comme cela.
    Ainsi donc, tout comme toi, il m’est impossible de ne faire qu’une proposition graphique. Après il faut s’entendre aussi sur ce le terme « propositions ». Je le vois comme des croquis à ce stade.

    Mais tout dépend du client qui est en face aussi. Parfois d’autres idées viennent s’accrocher au projet sans pour autant remettre en cause la totalité du projet. ( un peu comme un plan de maison, en faisant des corrections minimes: la fenêtre un peu plus à droite ou à gauche) Et au final, on peut s’approcher un peu plus de ce que souhaite le client. Rien n’empêche dans de tel cas de facturer un peu plus cher.
    La proposition parfaite n’existe pas, je pense. Ce n’est pas une science exacte, et c’est en cela que notre métier est mêlé, reduit au goût.

    Cela dit faire une proposition permet de bien verrouiller les choses, et d’avancer sereinement. Le seul cas où je ne ferais qu’une proposition, c’est lorsque je serais persuadé qu’il n’y a aucune autre ;)

    • Le , PUShAUNE a dit :

      Je ne suis pas certain que ça ne puisse pas s’appliquer à la conception.
      On sait que pour certaines cible, telle ou telle couleur convient mieux.

      Pour le décorateur, ce sera pareil. Quelle est l’ambiance souhaitée ? Quelle est la personnalité de la personne ? Ça permet d’écrémer.
      Ensuite, si le client est indécis, là en effet ce n’est pas évident de faire qu’une proposition.

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