Z6III vs Z8, le comparatif des deux boitiers Nikon

Maintenant que le Z6III est sorti, certain d’entre vous se pose la question de savoir quel boitier ils vont acheter.
C’est vrai que sur le papier, le Z6III peut faire de l’ombre au Z8. Et qu’il coute 1500 € de moins quand même.

Dans cet article, on va voir quels sont les points qui différencie ces deux boitiers pour vous aider à trouver celui qui correspond le mieux à votre pratique de la photo et de la vidéo.

Taille et poids

Le Nikon Z6III pèse 760g, soit 150g de moins que le Z8 avec ses 910g.

On reste donc sur un poids plume qui se fera vite oublier dans votre main, même si le Z8 n’est pas si lourd que ça.

Niveau encombrement, le Z8 est plus massif avec une poignée plus profonde et un gabarit plus imposant.

Si vous avez des grosses paluches, le Z8 sera le meilleur choix.
Mais si vous cherchez un boitier petit et léger, le Z6III prend le dessus.

Capteurs empilé VS semi empilé

Le capteur du Z8 est empilé, alors que celui du Z6III n’est que semi empilé.
Dans les fait, ça ne change pas grand chose, si ce n’est une moins bonne dynamique pour le Z6III qui reste cependant tout à fait acceptable.

Par contre, la résolution disponible n’est pas du tout la même.
Le Z8 propose 45 millions de pixels contre 24,5 million pour le Z6III

Avec le Z8, vous pourrez donc être plus fin dans vos retouches mais aussi cropper plus facilement dans vos images. Mais les fichiers RAW pèsent bien plus lourd, comptez entre 40 et 60Mo la photo.

Alors qu’avec le Z6III, les fichiers sont plus légers, entre 20 et 30 Mega la photo.
Vous aurez donc moins à débourser en disque dur, et votre logiciel de retouche sera bien plus réactif.

Résolution vidéo de 6K VS 8K

Résolution de capteur oblige, le Z6III ne peut filmer que en 6K, alors que le Z8 propose de la 8K.
Bon, franchement, la 6k c’est largement suffisent.
Personne ne livre de la 8K au client, et bien souvent cette résolution ne sert qu’à avoir une meilleure latitude à l’étalonnage, à cropper ou à stabiliser une image en post prod.

Mais perso, je préfère la 6k qui permet de faire exactement ça, mais qui en plus est plus légère.

Donc à mon sens, le Z6III est meilleur sur ce point.

Frame par seconde de 200 fps

Nikon à ajouté une option 200 images par seconde si vous tombez la résolution à 1080p.
Alors oui, on est plus du tout sur de la 6K maintenant.

1080p c’est pas énorme, mais 200 fps c’est quand même assez ouf.
Je vous montre des exemples pour que vous puissiez vous rendre compte de ce qu’on peut faire avec.
Avec 200 images par seconde, on commence à entrer sérieusement dans la slow mo très slow, et vous pourrez décortiquer des mouvement de votre sujet très précisément.

Ça va vous permettre d’ajouter un effet créatif à vos vidéos si vous le souhaitez.

Surchauffe

Pour tester la surchauffe du boitier, j’ai lancé un enregistrement dans la plus haute définition possible en H265 10 bit avec le Z8 et le Z9.

Au bout de 49 minutes d’enregistrement, le Z6III affichait un voyant de chauffe du boitier.
Pour le Z8, ce n’est pas le boitier mais la carte qui s’est mise à chauffer au bout d’une heure.

Le Z6III est chauffe donc plus rapidement que le Z8, mais reste tout à fait utilisable.
49 minutes d’enregistrement continu, c’est beaucoup. Et en photo, je n’ai jamais eu de problème, malgré des shootings réalisés en plein caniar en juillet à Marseille.

Modes ABCD VS U1-2-3

Le Z6III et le Z8 vous permettent d’enregistrer des paramètres dans des modes spécifiques pour pouvoir les réutiliser fréquemment.
C’est super pratique et pour moi, c’est devenu un élément essentiel de mon workflow.
C’est tellement important que je vais passer un petit peu de temps dessus.

LE Z6 et Z7 inauguraient les modes utilisateur U1, U2 et U3 ; alors que le Z8 et Z9 les faisait évoluer vers les modes A, B C et D.

Et le Z6III fait le choix de rester sur les modes U.
Ces modes vont vous permettre d’enregistrer vos paramètres (Manuel, Priorité à l’ouverture, vitesse, ISO, ouverture, mode de focus, … bref, la totale).
Vous pourrez en enregistrer jusqu’à 3 modes différents, allant de U1 à U3.

Bon, c’est bien ; mais il y a un soucis.
Si au cours de votre shooting vous changez un ou plusieurs paramètres, ces changements seront perdus à moins de les avoir enregistrés manuellement via les menus du boitiers.

Je m’explique.
Pendant un événement, vous faites deux réglages.
U1 pour la photo en intérieur, et U2 pour la vidéo.
Vous êtes shootez donc, et comme le temps passe, la luminosité change un peu.
Vous décidez de bouger vos ISO, puis de passer en mode U2 pour faire une vidéo.
Ensuite, vous revenez en mode U1 pour refaire de photos, mais si vous n’aviez pas enregistrer vos paramètres, vous perdez votre modification d’ISO.

Alors, c’est bien que le Z6III ait la possibilité d’enregistrer des paramètres utilisateurs, mais c’est dommage qu’il ne prennent pas en compte les modifications qu’on peut y faire sans passer par le menu du boitier.

À ce niveau là, le Z8 fait mieux.
Sur le Z8, quand vous êtes dans un mode A, B, C ou D et que vous changez un paramètre, il l’enregistre automatiquement. Vous n’avez pas à l’enregistrer via le menu enregistrez le réglage utilisateur.
Vous passez en mode P, c’est enregistré. Vous changez la vitesse ? C’est aussi enregistré. L’ouverture et le mode AF, pareil, c’est enregistré automatiquement.
Avec ce fonctionnement là, vous serez bien plus réactif sur le terrain.

Si j’ai pris le temps d’expliquer ça dans cette vidéo, c’est pour les utilisateurs du Z8 qui pensent acheter un Z6III en second boitier.
Cet élément bien précis va être gainant puisque la logique même des modes personnalisés est complètement différente sur ces deux boitiers ; et ça me semblait important d’en parler pour ne pas être déçu après son achat.

Utilisation en basse lumière

Le Nikon Z6III est taillé pour une utilisation en basse lumière.
Primo, vous avez droit à mise au point dans l’obscurité jusqu’à -10 IL, et ça marche du feu de dieu.
Même si vous, vous ne voyez pas l’oeuil de votre sujet ; le boitier lui va le détecter.

Aussi, le capteur plus petit du Z6III va lui permettre une montée en ISO plus propre.

Dès ISO 100, le Z6III est quand même bien meilleur que le Z8.
Et plus on monte dans les ISO, plus c’est flagrant.

Donc oui, le Z6III est effectivement meilleur que le Z8 pour les shoot en low light.

Iso natif 4000 vs 6400

Les ISO natifs en RAW vidéo diffèrent du Z8 au Z6III.
Le Z8 a des isos natif à 800 et 4000, alors que le Z6III se place sur 800 et 6400.

Le Z6III est donc mieux placer pour faire des vidéos en low light. Comme quoi, on voit bien pour quelle utilisation a été pensée ce boitier.

Utilisation des boitiers dans le noir

Le Z6III a été pensé pour le low light, MAIS le boitier n’est pas rétro éclairé.
Si vous shootez dans la pénombre, vous ne verrez pas vos boutons. Il vous faudra une source de lumière externe pour vous repérer.

C’est dommage parce que le Z8 propose lui cette option super pratique.

Capteur non protégé

Contrairement au Z8, le Z6III ne propose pas de protection pour le capteur..
Attention donc pendant vos changements d’optiques, surtout sur le terrain.
Au mieux, vous aurez des poussières qui vont venir se coller sur le capteur (je vous rappel que les mirrorless sont des aspirateurs à saloperies) et au pire vous pouvez endommager le capteur.

Shutter mécanique

Le Z6III et le Z8 disposent tous les deux un shutter électronique silencieux, mais le Z6III propose en plus un bon vieux shutter mécanique.
Et ça c’est un très très bon point.
Contrairement au Z8, vous n’aurez pas d’effet de flickering.
Et encore moins d’effet de banding si vous shootez en synchronisation haute vitesse avec des flashs, ce qui arrive tout le temps en extérieur.

J’ai déjà fait 2 vidéos à ce sujet, si le banding vous intéresse, je vous invite à aller les voir :

Donc perso je suis très content que le Nikon Z6III ait gardé un shutter mécanique pour mon utilisation en portrait extérieur.

Écran inclinable

Le Nikon Z8 dispose de ce que je pense être le meilleur écran inclinable du marché.
Que ce soit à la verticale ou à l’horizontale, il reste dans l’axe du capteur ; ce qui aide beaucoup pour réussir des traveling à main levée.
Dans le cadre de la prise de vue portrait où on shoot souvent à hauteur de ceinture, ça va vous permettre d’éviter de prendre des positions chelou et de forcer sur les quadriceps.

Mais avec le Z6III Nikon inaugure un écran inclinable à la Sony qui vient se placer sur le coté.

Alors, sur le papier il est mieux que celui du Z6II puisqu’on peut l’utiliser en haut comme en bas, à la verticale comme à l’horizontale, et aussi faire des Vlog.
Chose qui n’est pas possible avec le Z8.

Mais bon, ça c’est sur le papier. Parce que dans la réalité des faits, ce écran est bien moins pratique.
Premier point, quand vous le déployez sur le coté, il n’est pas dans l’axe du boitier. Comme sur les Sony et Canon, il dévie légèrement ce qui rend la prise de vue plus compliquée.

Si vous vous calez sur l’écran, vos plans seront légèrement en biais. Et si vous vous calez sur l’objectif, c’est votre retour écran qui ne sera pas d’équerre.
Il n’y a rien de mieux qu’un écran dans l’axe de l’objectif pour faire des plans ou des photos bien droites, et ce nouvel écran est un retour en arrière de la part de Nikon.

Autre point noir de ce flippy screen : il vient empiéter sur la prise HDMI et le port USBC.
Si vous utilisez un moniteur externe ou une poignée, vous ne pourrez pas utiliser votre écran.
C’est un peu con quand même.

Cet écran rend aussi impossible l’utilisation du Z6III en mode connecté.
Quand on shoot en studio, c’est assez rare d’utiliser l’œilleton. En général, on préfère descendre le boitier au niveau de la ceinture pour mettre en valeur notre modèle.
Et dans ce cas là, l’écran orientable est un vrai plus, puisque vous allez pouvoir rester droit et l’utiliser pour contrôler votre cadre.
Mais avec le flippy trendy screen, c’est pas possible.
Il vient empiéter sur la prise USBC et vous ne pourrez pas l’utiliser.

Bref, les écrans du Z6III et du Z8 témoignent de l’ADN radicalement différente de ces deux boitiers.
Le premier a été pensé avant tout pour les youtubers et influanceurs qui veulent faire du vlog et shooter des vidéos sans utiliser un RIG complexe, alors que le Z8 cible les vidéastes plus chevronnés qui ne vont pas hésiter à accessoiriser leur boitier pour en faire une arme de guerre.

Ergonomie des ports

La disposition des ports du Z8 permet une utilisation de cable HDMI et USBC coudés, très pratique sur certains RIG pour éviter d’avoir des câbles qui partent dans tous les sens.
Surtout sur les RIG d’épaule où les cables peuvent rapidement venir devant l’écran.

Mais sur le Z6III, le port USB C est au dessus du port HDMI, qui qui sera un peu relou pour utiliser des cables coudés.
Ici, le coude de l’USB C bloque le port HDMI. Il y aura donc un choix à faire entre utiliser le port HDMI ou un cable USB C coudé.

œilleton

L’œilleton du Z6III est meilleur sur le papier. Il est plus lumineux, il a plus de pixel et plus de couleurs.
Mais sur le terrain, il est bien moins pratique.

Tous les mirrorless ont un capteur qui permet de détecter si vous utilisez l’œilleton ou l’écran externe.
En fonction, le retour va s’afficher dans l’EVF ou bien sur le flippy screen.

Si vous avez le malheur de vouloir shooter comme ça, avec le boitier au niveau du ventre comme on fait toujours en studio, le capteur va détecter votre corps et vous perdrez l’image, et ce même si le boitier est à plus de 20 cm de vous.
Vous allez alors devoir cliquer manuellement sur ce bouton pour permuter de l’EVF à l’écran externe.
Et ça va vous arriver tout le temps et c’est insupportable. Sur le terrain, vous allez perdre énormément de temps, et ça m’a fait rater plusieurs clichés.

On a ici un gros soucis qui m’a plombé pas mal de séances photo, et qui n’existe pas sur le Z8.
Le Z8 lui, il réagit très bien et l’EVF ne s’active quand quand j’ai mon œil très proche de l’œilleton.

Ça semble de rien comme ça, mais ce point est un vrai point noir d’ergonomie.
Il n’y a rien de pire que d’être en train de filmer un plan et de perdre son retour vidéo pendant une prise de vue.

Conclusion

Vous l’aurez compris, le Z6III et le Z8 sont grosso modo les mêmes en terme de spec et de software.
Mis à part la résolution du capteur, ils se tiennent tous les deux et sont d’excellents boitiers.

C’est au niveau de l’ergonomie que la différence se creuse.
Si le Z6III est tout à fait utilisable, il affiche de claires limites sur des prod complexes.
Oubliez les shootings en mode connecté ou l’utilisation d’un moniteur externe avec lui. Il vous faudra rester simple.

À mon sens, ces deux boitiers ne ciblent pas du tout le même public.

D’un coté, vous avez le Z8, un boitier avec très peu de compromis, éprouvé pour une utilisation intensive sur des projets complexes.

De l’autre, le Z6III offre de très bonnes performances mais avec une ergonomie qui le cantonne à des projets moins ambitieux.

Attention, ça ne veut pas dire que vous ne pourrez pas faire de belles images avec lui.
Mais vous serez limité sur des production plus complexes.

Et c’est là que la différence de 1500 € se justifie.
Si vous avez les moyens et que vous voulez vous attaquer à des prod ambitieuses, achetez le Z8.

Si au contraire vous n’utilisez pas d’écran externe ou de poignée, et que le shoot en mode connecté n’est pas dans vos habitudes ; économisez de l’argent et prenez le Z6III comme compagnon.

Voilà, j’espère que ce comparatif vous aura été utile et que vous pourrez choisir votre boitier en fonction de vos besoins.

N’hésitez pas à me faire vos retours en commentaire sur ce que vous pensez du Z6III.
Je sais que j’ai été assez critique sur ce boitier, mais je serais curieux d’avoir votre avis dessus.