Test du Tamron 35-150mm F/2-2.8 Di III VXD pour Nikon Z | L’optique à tout faire

Les objectifs Tamron sur la gamme Z de Nikon

L’année dernière, Nikon ouvrait enfin sa monture Z aux constructeurs tiers et Tamron annonçait un accord passé avec la marque japonaise et sa volonté de sortir des optiques pour l’écosystème Z.

On a déjà eu le droit à un 70-300mm et maintenant, Tamron nous propose un 35-150mm.

Je dois vous avouer que le 70-300mm ne m’avait pas plus intéressé que ça, mais avec le positionnement du 35-150, c’est autre chose.

On a une plage assez large qui couvre les focales que j’utilise le plus, à savoir 35, 50, et 105mm.
Et en plus, cette optique ouvre entre 2 et 2.8, ce qui me fait dire qu’on devrait avoir ici un objectif d’assez bonne facture.
En général, quand une optique ouvre, c’est gage de qualité.

Je vais pas vous faire attendre plus longtemps et on va maintenant commencer à voir ce qu’elle a dans le ventre.

Taille et poids du 35-150mm de Tamron

Le 35-150mm pèse 1,19kg pour une longueur de 16 cm fermé et 22 cm ouvert.
Niveau encombrement, on est grosso modo au niveau d’un 24-70mm et clairement plus petit qu’un 70-200mm.
Cette optique entre facilement dans un sac et ne vous encombrera pas sur un peak design.

Niveau poids, la version Sony avait reçu la critique d’être une optique un peu lourde.
Alors perso, je suis habitué aux gros objoectifs, donc ça ne m’a pas plus dérangé que ça.
On est sur la même valeur de poids qu’un 50mm fixe haut de gamme ; et surtout, si vous combinez un 24-70 et un 70-200 ; ben vous aurez plus de charge dans votre sac.
Parce que oui, cette optique peut clairement remplacer le sacro saint duo 24-70 70-200 ; mais j’en parlerai plus tard dans cet article.

J’ai pu utiliser le 35-150 de Tamron monté sur un Z9 pendant une journée entière, sur un Zodiac puis sur un voilier ; et ça ne m’a pas plus dérangé que ça.
Alors que 70% du temps je devais tenir mon boitier d’une seule main pour ne pas tomber à l’eau.

D’autant plus que les boitiers de Nikon sont plus lourds que ceux de Sony, ce qui fait que le couple optique / appareil photo est mieux équilibré en main.

Bague de focale

La bague de focale est très courte, et c’est très pratique.
La course entre 35 et 150mm est de moins de 45°.

L’avantage, c’est qu’en reportage vous allez pouvoir capturer une scène dans sa globalité puis zoomer rapidement pour en extraire un détail.
Vous allez pouvoir être assez réactif.

Elle est plus dure que ce que j’ai pu tester sur d’autres optique, ce qui permet de bien contrôler sa valeur de focale.

Bague de mise au point

La bague de mise au point est électronique, et on y retrouve un comportement progressif comme sur toutes les optiques de la gamme Z.
En gros, quand vous la tournez doucement, le changement de mise au point sera très progressif.
Mais si vous faites un mouvement rapide, il sera sec.

Là encore, c’est assez pratique en reportage.
Vous allez pouvoir rapidement caler votre mise au point grosso modo sur votre sujet, puis l’ajuster précisément sur la zone que vous voulez.

Étant donné qu’elle est électronique, cette bague est personnalisable.
Vous allez pouvoir changer son comportement et son sens de direction.

Pour les vidéastes qui utilisent un pointeur ou un follow focus, vous allez pouvoir transformer le comportement progressif en comportement linéaire.
Vous allez même pouvoir choisir la course de la bague, allant de 90 à 360°.
Ces options seront surtout utiles aux vidéastes qui filment des fictions ou bien du packshot scripté.

D’ailleurs, pour personnaliser la bague, ça ne se fait pas dans le boitier mais via un logiciel à télécharger sur votre Mac ou PC : Tamron Lens Utility.

Tamron Lens Utility, le logiciel pour personnaliser votre objectif

Tamron met à disposition une application mac ou un logiciel Windows sur leur site qui va vous permettre de configurer et mettre à jour votre optique.

Vous pouvez la connecter à votre ordinateur via un port USB-C.

Je vous invite à visionner la vidéo en début d’article si vous souhaitez avoir un tutoriel détaillé du fonctionnement du logiciel.

Le bouton personnalisable 3 en 1

Cette optique dispose d’un bouton personnalisable dont le fonctionnement change par rapport à ceux de Nikon.

Pour faire simple, vous allez pouvoir lui assigner 3 comportements différents, et activer tel ou tel comportement via le sélecteur Custom.

Par exemple, quand votre sélecteur custom est placé sur 1, c’est le comportement 1 qui sera activé.
S’il est placé sur 2, ce sera le comportement 2, et ainsi de suite. En gros, ça vous permet d’avoir 3 boutons en 1.

Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à visionner la vidéo en début d’article pour  un tutoriel détaillé du fonctionnement du logiciel.

À noter que ces modes customs ne sont disponibles qu’en vidéo.
En photo, ce bouton devient un bouton tout simple, comme sur les autres optiques Nikon par exemple.

Dernier point, il existe une application android qui peut remplacer votre ordinateur.
Le fonctionnement est le même, mais il est dommage que cette app ne soit pas disponible sur iOS.

En ce qui concerne les derniers boutons disponibles, on retrouve le sempiternel commutateur entre autofocus et manual focus ; et un bouton lock qui permet de verrouiller l’optique quand vous la transportez.

Ah oui, dernier point ergonomie, cette optique accepte des filtres de 82mm.
On est donc sur un diamètre assez répandu sur les objectifs de la gamme Z, vous allez donc pouvoir mutualiser les ND et autres Mists.
Bien pratique pour ne pas dépenser de centaines d’euros en plus.

Une plage focale variée

Le gros intérêt de cette optique, c’est la plage focale disponible.
On a droit à du 35, 85, 105 et 135mm ; qui sont les valeurs privilégiées par les photographes.

Pendant un mois, je n’ai utilisé que cette optique sur tous mes contrats.
J’ai pu la tester sur un reportage aux Sables d’Olonne, en montagne dans la vallée de la Vesubie, en shooting mode édito et sur du corporate.
Donc autant vous dire que je l’ai poncée.

Aux Sables d’Olonne, j’ai suivi un skipper qui se préparait à la Mini Transat.
En gros, le gars traverse l’atlantique sur un voilier de 6,5 mètres de long.
Oui, vous avez bien entendu. Ils traversent l’atlantique sur un bateau de 6 mètre de long. Respect.

J’ai du lui produire une banque d’image pour que son CM puisse communiquer ; et on a aussi tourné une vidéo axé pub pour lancer un crowdfunding.
Et pour toutes ces utilisations, le 35-150mm ne m’a pas laissé tombé.

Il faut savoir que les conditions de travail n’étaient pas simple.
Les images faites en mer étaient assez dangereuses pour le matos.
J’étais soit sur un Zodiac, soit sur le voilier (qui est vraiment tout petit, on se marchait dessus avec le skipper).
On avait droit à des creux de 80cm et un vent à 15 nœuds.
Alors ça peu sonner comme pas grand chose, mais sur un Zodiac ça fait pas mal bouger, et surtout vous vous prenez des embruns dans la gueule en permanence.
Et l’eau salée, c’est LE truc à éviter pour le matos.

J’avais donc du protéger le boitier avec une housse et autant vous dire que je n’étais pas du tout chaud pour faire un changement d’optique dans ces conditions.
Il me fallait donc un objectif capable à la foi de capturer un sujet dans son contexte, mais aussi de pouvoir faire le focus sur un élément.

Et le 35-150mmm m’a permis d’y arriver.
Je vous montre des exemples de photos prises, et vous pouvez voir que je passe facilement du 35mm pour avoir le bateau dans sa globalité, puis au 150mm pour réaliser un portrait du skipper sur son voilier.

Idem pour les photos prises à terre.
En reportage, vous allez pas pouvoir demander à votre sujet de prendre la pose. Non, l’action se déroule et c’est à vous de la capturer.
Des fois, changer d’optique vous fait rater un mouvement, un regard, une émotion.
Ou alors, quelque chose se passe et vous n’avez tout simplement pas la bonne optique.
Bon ben avec le 35-150, ça va pas vous arriver.
Comme vous pouvez le voir, j’ai pu faire des close-up comme des photos plus générales, qui englobent toute la scène.

Pareil en randonnée.
J’ai du passer 2 jours en Vésubie pour y prendre des photos.
Et comme la belle lumière est très tôt le matin, ou tard le soir, autant vous dire que les journées étaient longues.
Du coup, c’était appréciable de n’avoir qu’une seule optique sur moi qui m’a permis de faire tous les clichés dont j’avais besoin. À la foi des close-up, mais aussi des photos plus larges.

Bref, vous l’aurez compris, la plage focale de 35 à 150mm est un vrai plus.
Vous pourrez faire pas mal d’images différentes sans avoir à changer d’optique, et vous gagnerez en réactivité.

Une grande ouverture disponible

Bon, une plage focale étendue, c’est pas nouveau.
Perso, j’ai commencé la photo avec un 24-200mm.

Mais ce qui change, c’est d’avoir une grande plage focale couplée à une grande ouverture :

• À 35mm, vous aurez une ouverture à 2.
• Passé 40mm, l’ouverture descend à 2.2
• À 57mm, on passe à 2.5 ; et à 83mm 2.8

On est donc quand même pas mal lumineux, et ça vous permettre de prendre des photos ou des vidéos en basse lumière.
Je vous montre quelques exemples de plans que j’ai pu faire dans la pénombre ; et des photos prises en sous-bois au moment du coucher du soleil.

Qualité du bokeh et du flou d’arrière plan

Autre avantage de la grande ouverture, c’est le bokeh qu’elle procure.
Voilà à quoi il ressemble :

Comme vous pouvez le voir, le bokeh et le flou d’arrière plan sont de très bonne qualité.

Autofocus du Tamron 35-150mm

L’autofocus utilise le mécanisme de focalisation du moteur linéaire VXD de TAMRON qui maintient une précision de positionnement jusqu’à 0,005 mm
Bon, je suis pas ingénieur, j’avoue que j’y pite pas grand chose, du coup je vais vous dire ce qu’il vaut sur le terrain.

En photo, pas de débat possible, l’autofocus est un tueur.
J’ai pu faire la mise au point sur le skipper, alors qu’il était sur son voilier, entre la barre et la voile ; et ce alors que j’étais sur un Zodiac en mouvement.

Sur tout ce shoot, j’ai eu seulement une petite cinquantaine de déchets, sur plus de 2000 photos prises.

Donc en photo, rien à redire.

En vidéo par contre, je trouve l’autofocus un peu mou.
Il met du temps à réagir et dans des situations complexe, il a du mal à trouver le sujet.
Alors c’est pas rédhibitoire, avec le focus peaking il est assez simple de le corriger manuellement.
Mais voilà. En reportage, ça sera un peu mou.
Par contre, en fiction ou en studio, aucun soucis. Dans un environnement contrôlé, il réagira très bien.

Mise au point minimale

Puisqu’on parle d’autofocus, parlons de la distance minimal de mise au point.
À 35mm, vous pourrez vous placer à 33cm de votre sujet.
À 150mm, on monte à 85cm.

Avec ces courtes distances, vous allez pouvoir faire de la proxy.
Je vous montre quelques exemples que j’ai pu faire dans les Alpes sur une guêpe.

Stabilisation du Tamron 35-150mm

Le 35-150mm de Tamron n’est pas stabilisé.
Il y a un petit débat là dessus. Est-ce qu’ils auraient dû, ou pas ?
Je ne pense pas que la stabilisation ait pu amener plus de points positifs que négatifs.
Je m’explique.
En grand angle, et jusqu’à 105mm ; la stabilisation, on s’en fout. on en a pas vraiment besoin.
Passé 105mm, et surtout vers 135mm et 150mm, là ça devient coton de shooter sans.
Mais sur les mirrorless, il ne faut pas oublier que les boitiers sont stabilisés.
Ici, c’est l’IBIS qui prend le relais de l’optique.
Et si à 200, 400 ou 600mm une stabilisation optique est indispensable ; à 150mm ça va. L’IBIS fait très bien le travail.

Et surtout, je pense qu’avoir une stabilisation aurait ajouté du poids, de l’encombrement et ça aurait aussi augmenté le prix de cette optique.
Personnellement, je préfère compter sur l’IBIS de mon boitier et gratter sur ces 3 facteurs.

Utilisation en vidéo

Cette optique n’a pas été uniquement pensé pour la photo.
Son AF ultra silencieux et les modes de contrôle du focus disponibles dans le Tamron Lens Utility montrent la volonté de Tamron d’épauler les vidéastes Nikonistes. Et c’est le bienvenu.

Comme je vous le disais, j’ai pu tourner une vidéo fiction uniquement avec cette optique, et globalement tout s’est bien passé.

Détail assez impressionnant, le 35-150mm n’a aucun focus breathing.
Et ce, quelque soit la focale utilisée.

Conclusion

Alors, qu’est-ce que j’en pense de cette optique ?
Déjà, on est clairement sur un objectif haut de gamme.
La qualité optique est au rendez-vous, l’autofocus est un tueur en photo ; et même en vidéo elle fait le taff.
Mais le plus intéressant pour moi, c’est la plage focale.
Avoir accès à du 35-150mm sans faire de changement d’objectif, c’est un vrai plus pour le terrain.
Surtout avec une ouverture comprise entre 2 et 2.8
C’est une optique taillée pour le reportage, mais je la vois très bien pour du mariage aussi ; en complément d’une focale fixe qui ouvrirait à 1.2.

En portrait, elle fait aussi très bien le boulot.
Je me suis éclaté avec elle sur un shoot fait la semaine dernière.

La comparaison avec le couple 24-70mm et 70-200mm se pose, évidement.
Est-ce que le Tamron peut remplacer ces deux stars ?
C’est à vous de voir.
Avec le Tamron, vous perdez les focales comprises entre 24-34 et 151-200mm
Mais vous gagnez en réactivité.
Mais vous avez une otique plus lourde sur votre boitier.
Mais vous aurez moins de poids à porter dans votre sac.

En fait, comme pour tout en photo, tout est une question de compromis.
À vous de voir ce qui vous correspond le mieux.

Cette optique n’est pas exempte de défauts.
Je trouve dommage que l’application mobile ne soit disponible que sur Android.
Mais bon, ça, ça se corrige facilement. Je vois mal Tamron ignorer les photographes utilisant Apple.

Il y a aussi la bague de focale sue je trouve un poil trop rigide, et l’autofocus un peu mou en vidéo.
Mais à part ça, je n’ai pas grande chose à redire.

En ce qui me concerne, j’utiliserai cette optique quand j’aurais des reportages à réaliser dans des conditions difficiles.
Je pense notamment aux manifestations ou bien aux environnements qui ne sont pas du tout favorables aux changements d’optiques.

De manière plus générale, je suis très content de l’arrivée de Tamron dans l’écosystème Z de Nikon.
Les optiques que nous propose Nikon sont folles, mais Tamron arrive à nous pondre des objectifs qu’on avait pas du tout l’habitude de voir.
Et ça, c’est assez osé et je pense que ça va être très bénéfique pour tout l’écosystème Nikon.

Et ça, c’est assez couillu et je pense que ça va être très bénéfique pour tout l’écosystème Nikon.
On va avoir droit à de nouvelles propositions qui vont venir nous chambouler, et je pense que Tamron à une carte à jouer pour devenir la marque qui innove par rapport à leur choix plage focale / ouverture.

C’est tout ce que j’avais à dire sur cette optique.
N’hésitez pas à me dire en commentaire si elle vous tente, si vous l’avez achetée ou bien si elle ne vous intéresse pas du tout.